Plateforme sur l’anorexie pour Adolescent
Comme une peau de chagrin, Sonia Sarfati
Résumé
Amies depuis toujours, Frédérique et Gabrielle partagent tout et s’investissent ensemble dans des projets créatifs qui leur tiennent à coeur. Mais voilà que les choses changent. Gabrielle vit son premier amour. Fille unique, Frédérique se retrouve laissée à elle-même : son père est en mission d’affaires au Mexique et sa mère prête main forte à ses propres parents malades. Se sentant perdue et abandonnée, elle s’enfonce peu à peu dans un mal qui ronge littéralement son corps… Comme une peau de chagrin de Sonia Sarfati (La courte échelle, 2020) est un roman troublant et réaliste qui démontre bien l’engrenage dont il est si difficile de se sortir.
Extrait
- J’ai perdu deux ou trois kilos, m’a-t-elle finalement répondu sur un ton badin, sans toutefois pouvoir dissimuler un sourire de satisfaction. Tu trouves vraiment que ça paraît ?
- (…) Tu es vraiment superbe !
- N’exagère pas, quand même. Tu n’auras plus rien à me dire quand j’aurai atteint mon poids idéal.
J’allais ouvrir la bouche pour que Fred m’éclaire sur ce qu’elle entendait exactement par son « poids idéal », lorsqu’elle s’est retournée vers le miroir.
- Tu es sûre que je devrais prendre cette combinaison-là ? m’a-t-elle demandé en fronçant les sourcils. (…) Je n’ai pas l’air trop grosse ? a-t-elle insisté. Quoique, en portant un coupe-vent assez long par-dessus, ça devrait aller…
Je n’arrivais pas à en croire mes oreilles. De quoi elle parlait, la Frédérique ? Elle voulait cacher quoi, au juste ? ! Il faudrait qu’on ait un jour une bonne conversation à ce sujet.
- Comment tu as fait ? lui ai-je demandé plus tard, alors que nous marchions sur l’avenue du Parc, courbées sous un vent à écorner les bœufs. Un régime ? De l’exercice ? (…)
Elle me connaît, ma copine. Elle le sait que je dénonce haut et fort tous ces régimes alimentaires bidon, encore moins équilibrés que ceux… celles, devrais-je dire, qui les suivent. Et qui sont au service d’un culte du corps totalement dénué de sens. (…) Une voiture bleue s’est arrêtée à côté de nous. Et la tête de Jérôme a émergé de la fenêtre, côté passager.
- Beau temps pour une promenade, les filles ! a lancé mon frère, le visage tordu par une grimace éloquente qui démentait ses paroles. Ça vous dit de venir manger avec nous ? On s’en va rue Saint-Denis (…)
J’ai commandé une pizza. Et je l’ai mangée, plus par dépit que par appétit. Bien qu’ils nous aient invitées, Francis et Jérôme semblaient avoir complètement oublié les deux belles filles qui se trouvaient en face d’eux. (…) Leur conversation tournait autour d’une histoire de possible travail d’été dans le Grand Nord. Avec un soupir proportionnel à la bouchée de pizza que je venais d’engouffrer, je me suis alors tournée vers ma copine.
- Alors, Fred, est-ce que tu me dévoiles ton secret ? lui ai-je demandé (…)
- Je n’en ai pas, de secret, a-t-elle répondu en haussant les épaules. J’ai seulement décidé de faire attention à ce que je mange. Facile, depuis que mes parents sont si souvent à l’extérieur de la maison… De toute manière, a poursuivi Fred, ma… transformation ne doit pas être aussi radicale que tu le dis. Après tout, tu n’avais rien remarqué jusqu’à tout à l’heure.
Le ton de mon amie m’a surprise. Désagréablement. Il y avait de la dérision dans sa voix. Et du ressentiment. J’allais lui demander une explication, quand son regard s’est dérobé au mien, pour se fixer sur son assiette. Soigneusement, Frédérique s’est mise à couper sa pizza. Des petits morceaux. Tout petits. Qu’elle ne portait jamais à sa bouche.
Proposition d’écriture I
En rentrant à la maison, Gabrielle est soucieuse. Sa mère, qui s’en rend compte, lui en demande la raison. D’abord un peu hésitante, Gabrielle finit par lui confier ce qui s’est passé à la boutique et au restaurant, et surtout, sa préoccupation envers son amie. Rédige la conversation entre Gabrielle et sa mère.
Minimum 300, maximum 600 mots.
Proposition d’écriture II
Imagine que tu es Frédérique. Rédige ce qu’elle écrit dans son journal intime, en fin de journée, pour raconter, de son point de vue, ce qu’elle pense de la stupéfaction de Gabrielle face à son comportement au restaurant, ce qu’elle ressent quand elle ne mange pas, son plaisir à « contrôler » son corps.
Minimum 350, maximum 600 mots.
Proposition d’écriture III
Chloé, une fille qui connaît Frédérique et Gabrielle sans être vraiment amie avec elles, s’aperçoit du changement chez Frédérique. Sa sœur était anorexique, a dû être hospitalisée, et s’en est enfin sortie. Chloé voudrait lui parler, mais ne sait pas trop comment s’y prendre. Elle décide de lui envoyer un courriel.
Minimum 250, maximum 500 mots.
Proposition d’écriture IV
Écris une chanson ou un poème, un slam ou encore un texte de rap sur le thème des troubles alimentaires, du rapport que les jeunes ont avec la nourriture.
Si tu as le goût, tu peux faire parvenir ton texte à william@metropolisbleu.org, en respectant la longueur pour chaque proposition.
Les œuvres proposées dans cette section permettent de discuter d’un mal qui dévore littéralement nombre de jeunes femmes, qui sont par ailleurs de plus en plus jeunes, mais également de plus en plus de garçons.
Utilisez le livre suggéré et les exercices d’écriture pour aider les jeunes à risque et pour favoriser la guérison du corps autant que celle de l’esprit.
Émilie Villeneuve, auteure de la BD La Fille invisible, nous parle de ses rencontres avec les patientes du centre des troubles de la conduite alimentaire au CHU Sainte-Justine.
Pour en savoir plus
Les troubles alimentaires : toujours incompris. Olivia Lévy, La Presse, 28 mai 2019
http://mi.lapresse.ca/screens/45a5fc54-b55e-476a-9dd3-91d3b0b5b00b__7C___0.html
Étude : l’anorexie, une dépendance plus qu’une peur de grossir. Agence France-Presse, La Presse, 7 juin 2016
https://www.lapresse.ca/vivre/sante/201606/07/01-4989286-etude-lanorexie-une-dependance-plus-quune-peur-de-grossir.php