
Chaque automne, l’effervescence monte. Qui remportera les Goncourt, Renaudot, Femina et autres honneurs du milieu littéraire français? Les prix du Gouverneur général du Canada? Et le Nobel, bien sûr? Le monde de la littérature s’excite, prédit, applaudit.
La littérature destinée aux enfants et aux adolescents n’est pas en reste, fort heureusement. Prix TD, Prix des libraires, Prix jeunesse du Gouverneur général, Prix Alvine-Bélisle, Prix Cécile-Gagnon, Prix des bibliothèques de la Ville de Montréal, … Et son « petit Nobel », le Prix Hans-Christian Andersen, décerné tous les deux ans par l’International Board on Books for Young People (IBBY) pour lequel Christiane Duchesne était finaliste en 1996.
Un prix apporte prestige, reconnaissance et visibilité. Sans parler de bourses dont certaines, significatives, permettent à l’auteur de fignoler son nouvel ouvrage sans s’inquiéter de son budget d’épicerie pour un temps. Mais au-delà, qu’en est-il?
J’ai remporté plusieurs de ces prix avec La fille d’en face et Le jardin d’Amsterdam, mes deux premiers romans jeunesse. D’autres lauréats ont sans doute ressenti les mêmes sentiments confus que moi : stupéfaction, joie, encouragement et angoisse. Certes, des spécialistes en littérature ou des pairs leur avaient accordé une valeur incontestable, et ça faisait plaisir en diable! Mais mon prochain serait-il aussi bien ficelé, touchant, captivant? Y arriverais-je ou avais-je épuisé toutes mes capacités?
Recevoir un prix change quelque chose, assurément. Être « seulement » finaliste aussi. Son effet le plus positif, j’en suis convaincue, est la dose additionnelle d’humilité qu’il doit apporter. Car, faut-il le rappeler, tout reste toujours affaire de goût – celui des jurés – et de contexte – la quantité et la qualité des livres publiés cette année-là. Mais surtout humilité devant le travail à poursuivre, les sujets qui s’imposent, les personnages qui s’invitent, les mots qui s’écrivent.
Au nom de la Fondation Metropolis bleu, toutes nos félicitations aux lauréats des prix suivants :
- Prix TD de la littérature jeunesse : Stéphanie Boulay (textes) et Agathe Bray-Bourret (illustrations) pour Anatole qui ne séchait jamais (Fonfon), un album illustré qui traite de différence et d’acceptation de soi;
- Prix Harry Black, décerné par le Centre canadien du livre pour enfants pour le meilleur album destiné pour les jeunes de trois à huit ans : Rhéa Dufresne (textes) et Aurélie Grand (illustrations) pour Mémé à la plage (Les 400 coups), un album amusant sur les malheurs d’une grand-mère en quête de tranquillité tandis que toute la famille s’active autour d’elle pendant les vacances;
- Prix du Gouverneur général, Catégorie jeunesse texte : Dominique Demers pour L’albatros et la mésange (Québec-Amérique), un roman sur deux adolescents que tout oppose;
- Prix du Gouverneur général, Catégorie jeunesse livre illustré : Stéphanie Lapointe (texte) et Delphie Côté-Lacroix (illustrations) pour Jack et le temps perdu (XYZ), un album qui raconte la quête d’un pêcheur à la recherche de son fils avalé par une baleine;
- Prix Alvine-Bélisle, décerné par la Fédération des milieux documentaires à un roman québécois ou franco-canadien : Jonathan Bécotte pour Maman veut partir (Leméac jeunesse), un roman qui raconte les tourments intérieurs d’un garçon face à la perte de sa mère;
- Prix de littérature jeunesse des bibliothèques de la Ville de Montréal : Lucile de Pesloüan (textes) et Geneviève Darling (illustrations) pour J’ai mal et pourtant, ça ne se voit pas (Éditions de l’Isatis), un roman graphique qui traite de santé mentale chez les adolescents;
- Prix Cécile-Gagnon, décerné par l’Association des écrivains québécois pour la jeunesse, Catégorie album : Orbie (textes et illustrations) pour On a un problème avec Lilou la loutre (Fonfon), un album amusant sur une petite bête qui aime trop glisser;
- Prix Cécile Gagnon, Catégorie roman : Mathieu Muir pour L’ère de l’Expansion (David), un roman pour les adolescents qui se déroule en 2208 alors que la terre a presque épuisé ses ressources;
- Quebec Writer Association Prize for Children and Young Adult Award : Raquel Rivera pour Yipee’s Gold Mountain (Red Deer Press), un roman historique pour les adolescents sur l’amitié entre le fils d’un ancien ouvrier chinois de chemin de fer et un jeune apprenti guerrier apache.
Les Prix des libraires du Québec dans les trois catégories jeunesse seront décernés à l’hiver 2020.
– Linda Amyot