
Rencontre avec Maya Cousineau-Mollen
Florence Fontaine
Je voudrais vous faire découvrir Maya Cousineau-Mollen : pas l’écrivaine, pas la poétesse, pas l’Innu originaire d’Ekuanitshit (Mingan) sur la Côte-Nord, mais la femme forte, engagée, sensible, toujours prête à donner de son temps aux autres, et surtout fière de son peuple, consciente de ce qu’il a traversé et de ce qu’il lui reste encore à traverser.

Femme engagée
Maya Cousineau-Mollen a un but dans la vie, qui se traduit autant dans son travail – elle est conseillère en développement communautaire Premières Nations et Inuit chez EVOQ Architecture – que dans son art. C’est l’accompagnement de l’être humain dans la compréhension de l’histoire, celle de l’Autre, celle des Premières Nations. Pour reprendre ses propres mots, elle se voit comme une architecte qui jette des ponts entre les peuples et cherche à combler les fossés qui existent entre eux. Elle est ainsi impliquée dans plusieurs projets pour la jeunesse autochtone, pour les itinérants autochtones à Montréal, et elle donne des conférences devant différents publics pour les sensibiliser aux réalités autochtones. En février 2020, elle a participé à une conférence TED sur le thème : « Diversité : la richesse qui nous unit », et qui devrait être mise en ligne courant avril. Cette conférence porte sur l’architecture en milieu autochtone comme outil de réappropriation des multiples identités des membres des Premières Nations et des Inuit, identités trop souvent passées sous silence.
Femme artiste : écrivaine et poétesse
Même si la crise sanitaire actuelle l’a obligée à mettre sur pause plusieurs de ses projets, Maya Cousineau-Mollen reste occupée. En effet, elle profite de ce temps d’arrêt imposé pour terminer quelques autres projets, dont un conte pour enfants qui aborde le sujet du racisme, et un roman, qui fait suite à la nouvelle « Mitatamun (Regret) » publiée dans le recueil Amun. Dans ce roman, nous pourrons suivre la suite des aventures d’Anish, le personnage principal de la nouvelle. De plus, elle participe au mouvement #30joursdecourtes sur les réseaux sociaux, initiative du Festival tout’ tout court. Chaque jour, un thème est proposé aux participants qui sont libres de créer une œuvre à partir de celui-ci, que ce soit une nouvelle, un poème, un slam, etc. Ainsi, Maya Cousineau-Mollen nous propose, chaque jour ou presque, sur sa page Facebook, un poème inspiré du thème du jour qui est une bouffée d’air frais en ces temps de confinement. Je vous propose aussi de découvrir, ou redécouvrir, son premier recueil de poésie, Bréviaire du matricule 082, publié en 2019 aux Éditions Hannenorak.
Recommandations de lectures de Maya Cousineau-Mollen
Les recueils de poésie de Joséphine Bacon et de Marie-Andrée Gill. Les livres pour enfants de Sylvain Rivard. Les romans de Tomson Highway, de Drew Hayden Taylor et de Lee Maracle. Et bien sûr, le brin de folie de Louis-Karl Picard-Sioui, qui en ces temps de crise fait du bien au moral. Tous les livres de ces auteurs sont disponibles sur la plateforme leslibraires.ca. Mais si vous devez en privilégier deux, ce serait Joséphine Bacon pour sa sagesse et Drew Hayden Taylor pour son humour :
Put a 3 block grid with the book cover and the name of the book (with the link) below
Drew Hayden Taylor, Le baiser de Nanabush, Prise de Parole, 2019 (traduit de l’anglais par Eva Lavergne)
Drew Hayden Taylor, C’est fou comme t’as pas l’air d’en être un, Hannenorak, 2017 (traduit de l’anglais par Sylvie Nicolas)
Une pensée positive
Maya Cousineau-Mollen me disait récemment en entrevue qu’elle essayait toujours de terminer ses conférences sur une note positive, en évoquant l’exemple pacifique et concret de son milieu de travail qui, dans un beau geste d’humilité, met ses talents au service des communautés autochtones. Voici sa pensée positive en ces temps difficiles :
« Profiter de ce temps de tranquillité imposée, de réflexion, d’introspection forcée, pour se reposer, s’instruire et faire toutes ces choses qu’habituellement on dit “je n’ai pas le temps, je le ferais plus tard quand j’aurai du temps”. Profiter aussi de ce temps d’arrêt pour prendre le temps d’apprécier toutes ces choses qu’on a tendance à tenir pour acquises. » – Maya Cousineau-Mollen
Maya Cousineau-Mollen, Bréviaire matricule 082, Hannenorak, 2019.
Amun (Recueil de nouvelles), sous la direction de Michel Jean, éditions Dépaysage, 2019 (pour la nouvelle « Mitatamun [Regret] » de Maya Cousineau-Mollen)