
L’été est déjà bien avancé et vous avez sûrement déjà fait votre liste de lectures pour l’été. Cependant, si tel n’est pas le cas ou si vous avez oublié d’y inclure quelques bons auteurs autochtones, voici des ouvrages qui pourraient vous intéresser.
Les étoiles s’éteignent à l’aube pour mourir de Richard Wagamese
Publié originalement en anglais sous le titre Medecine Walk, Les étoiles s’éteignent à l’aube pour mourir est le premier roman de Richard Wagamese publié en français. L’auteur est ojibwé (appartenant aux nations indépendantes Wabaseemoong, au nord-ouest de l’Ontario) Le roman raconte l’histoire de Franklin Starlight, adolescent de 16 ans appelé auprès de son père Eldon. Sentant venir sa fin, Eldon demande une dernière faveur à son fils : l’accompagner à la montagne, laquelle revêt une signification particulière pour leur peuple, afin d’y mourir comme un guerrier. Au cours de ce voyage, père et fils apprendront à se connaître. Le jeune Franklin découvre son passé, apprend d’où il vient et pourquoi son père l’a abandonné aux soins d’un autre homme alors qu’il n’était qu’un bébé. Le voyage devient un parcours de guérison, d’où le titre initial, Medecine Walk. Eldon fait alors la paix avec son passé et guérit de ses blessures, tandis que Franklin apprend à pardonner à son père.
Richard Wagamese, Les étoiles s’éteignent à l’aube pour mourir, éditions 10/18 collection littératures étrangères, 2017 (traduit de l’anglais par Christine Raguet)
Les esprits de l’océan d’Eden Robinson
L’autrice Eden Robinson, est membre des Premières Nations Haisla et Heiltsuk, et c’est dans la communauté Haisla de Kitamaat en Colombie-Britannique qu’elle situe son histoire. Un drame frappe la famille de la narratrice : son frère a disparu en mer alors qu’il se trouvait sur un chalutier de pêche. Les esprits de l’océan racontent l’attente qui pèse, comment chaque membre de la famille vit celle-ci, l’incertitude sur ce qui s’est passé, l’actuel sentiment d’impuissance. Pour sa part, la narratrice vit cette attente en se remémorant le passé, les souvenirs de son enfance avec son frère mais aussi avec chacun des membres disparus de la famille, tels sa grand-mère et son oncle. Au fil des pages, le lecteur découvre l’histoire de la famille. Dans Les Esprits de l’océan, Eden Robinson rappelle que les lieux autant que les personnes ont des histoires à raconter.
Eden Robinson, Les esprits de l’océan, Albin Michel, collection Terres d’Amérique, 2002 (traduit de l’anglais par Nadine Gassie)
One good story, that one de Thomas King (en anglais)
One good story, that one, de Thomas King, écrivain d’origine cherokee et grecque, est un recueil d’histoires brèves, amusantes et provocatrices qui parlent aussi bien de la culture pop que des traditions autochtones, notamment de la figure du trickster, très présente dans les récits. Une nouvelle, en particulier, m’a plu : « Borders». Elle fait réfléchir sur les notions de frontières, de nationalité et de citoyenneté, ainsi que sur le sentiment d’appartenance à un pays, à une communauté. Les différentes nouvelles qui composent le recueil aident à mieux comprendre les réalités autochtones.
Thomas King, One Good Story, That One, Harper Perennial Canada, 1999
Le chant du corbeau de Lee Maracle
L’autrice Lee Maracle, de la nation Stó:lō en Colombie-Britannique, est bien connue au Canada anglophone. Cependant son œuvre est peu traduite en français. Dans Le chant du corbeau, la romancière retrace la douloureuse acculturation des Premières Nations au Canada. L’histoire se passe dans les années 1950, époque dite de l’assimilation. Plusieurs lois visant à l’assimilation des peuples autochtones ont vu alors le jour, donnant lieu, notamment, au régime des pensionnats pour les enfants autochtones. Stacey, l’héroïne du livre, y échappera, en revanche, sa communauté sera frappée de plein fouet par la grippe asiatique de 1957. Abandonnés des médecins blancs, les autochtones devront se débrouiller seuls. Ce sont des femmes comme Stacey, sa mère, et les autres femmes du clan du loup qui prendront les choses en main.
Lee Maracle, Le chant du Corbeau, Mémoire d’encrier, 2019 (traduit de l’anglais par Joanie Demers)
Les bruits du monde, sous la direction de Laure Morali et de Rodney Saint-Éloi
Nous livrons des bruits récoltés en passant au tamis la clameur du monde. Bruits de l’enfance, bruits de la mort, bruits du désir, bruits du silence, bruits du soleil … Voix fragiles, peuplées de rivières, de vies cheminant dans les mêmes sentiers, les mêmes résonnances. » Dans le recueil Les bruits du monde, des auteurs, des autrices autochtones et allochtones partagent avec le lecteur leur «bruit du monde» au moyen de poèmes et de récits. Ainsi de la poétesse innue Joséphine Bacon, dans un poème intitulé «Le bruit de la vie» : « Ce soir la lune déborde / Une mélodie raconte un son / Une incantation de de tambour chante une terre / Un loup hurle sa joie / Les caribous sont là / Un cœur bat / Un rythme sonne un sourire / Une danse invite / À une seule musique / Où les pas laissent leurs traces » (p. 22)
Hannenorak et les rêves de Jean Sioui
Hannenorak et les rêves est un livre pour la jeunesse, écrit par l’auteur wendat Jean Sioui, dans lequel Hannenorak, dix ans, nous emmène chaque soir dans les rêves qui se cachent sous son lit. Dans chacun de ses rêves, Hannenorak rencontre les oiseaux, les arbres, le soleil, les roches, les lucioles… tous êtres vivants et qui parlent tous. Laissons-nous emporter dans les mondes fantastiques et magiques qui peuplent les rêves du jeune Hannenorak. Ses rêves nous montrent la beauté de la nature et nous disent qu’il faut la respecter. À la fin de chaque rêve, nous apprenons quelques mots wendat. Surtout, le personnage croisé par Hannenorak dans son rêve pose une question qui donne à réfléchir.
Jean Sioui, Hannenorak et les rêves, éditions Hannenorak, 2018 (illustrations de Manon Sioui)