
Parutions d’automne
Virginia Pésémapéo Bordeleau, Ourse bleue – Piciskanâw mask iskwew, éditions du Quartz, 2020
Virginia Pésémapéo Bordeleau et François Lévesque, La bienveillance des ours, éditions du Quartz, 2020
Cherie Dimaline, Rougarou, éditions Boréal, 2020 (traduit de l’anglais par Lori Saint-Martin et Paul Gagné, titre original Empire of Wild)
Le chant des caribous/Ateek oonagamoon (illustrations de John Rombough et traduction de Mishka Lavigne)
Les libellules cerfs-volants/Pimithaagansa (illustrations de Julie Flett et traduction de Mishka Lavigne)
Un renard sur la glace/Maageesees maskwameek kaapit (illustration de Brian Deines et traduction de Mishka Lavigne)
L’automne 2020 est riche en sorties de livres d’auteurs et d’autrices autochtones. Passons-les en revue.
Le plus récent roman de Cherie Dimaline a été traduit en français. Si vous avez aimé son premier roman, Les pilleurs de rêves, son nouveau, Rougarou, va certainement vous plaire (tous deux parus aux éditions du Boréal). Cette fois, l’autrice utilise les légendes de son peuple, notamment celle de Rougarou, créature mi-homme mi-loup, pour exprimer le chagrin et la colère d’une femme qui a perdu ses terres, ses racines et les siens.
Pour ses quarante ans de carrière, Virginia Pésémapéo Bordeleau accompagne son exposition rétrospective, d’un livre, Ourse bleue — Piciskanâw mask iskwew, qui allie cinquante poèmes et tableaux inédits. L’autrice a également publié avec François Lévesque un ouvrage intitulé La bienveillance des ours. Les deux titres ont paru aux éditions du Quartz. La bienveillance des ours est formé d’échanges épistolaires entre deux artistes qui, au début, ne se connaissent que par leur travail respectif et qui, à la fin, sont unis par des liens d’amitié indéfectibles. Tous deux ont appris à se connaître à travers leurs similitudes et en suivant les méandres de leur création, mais aussi et surtout grâce à leurs différences.
Pour les enfants, signalons chez l’éditeur Prise de Parole, l’arrivée d’une collection dirigée par Tomson Highway, sous le titre «Chanson du vent du nord».Ces ouvrages rassemblent des contes sur le territoire et les coutumes de Cris du nord, à partir des souvenirs d’enfance de l’auteur. Trois titres : Un renard sur la glace/Maageesees maskwameek kaapit ; Le chant des caribous/Ateek oonagamoon ; Les libellules cerfs-volants/Pimithaagansa.
J’ajoute trois ouvrages qui ont particulièrement retenu mon attention cet automne : Elles se relèvent encore et encore de Julie Cunningham (éd. Hannenorak), La course de Rose de Dawn Dumont (éd. Hannenorak) et Qu’as-tu fait de mon pays d’An Antane Kapesh (éd. Mémoire d’encrier).
La course de Rose, de Dawn Dumont
Dans La course de Rose, l’autrice Dawn Dumont a choisi d’utiliser l’humour pour parler de la vie sur la réserve et de ses problèmes au quotidien. Le personnage principal est Rose Okanese, mère deux filles et qui vient de perdre son mari et son travail. Le récit montre que, quelle que soit la situation, on peut toujours s’en sortir. Pour dépasser ce mauvais moment et retrouver l’estime de soi, Rose décide de participer à un marathon organisé par sa communauté. Seulement voilà, elle n’a rien d’une sportive. De plus, le Windigo décide de lui jouer des tours, ce qui mettra sa détermination à rude épreuve. Ce livre offre un savant mélange d’humour, d’amour maternel, d’amitié, de désir, et de légendes, et il met en scène des personnages hauts en couleur.
Dawn Dumont, La course de rose, éditions Hannenorak, 2020 (traduit de l’anglais par Daniel Grenier)
Elles se relèvent encore et encore : les histoires de résiliences, de Julie Cunningham avec des illustrations de Meky Ottawa
Elles se relèvent encore et encore rassemble les récits de vie de onze femmes autochtones. Celles-ci livrent des témoignages émouvants et forts, par lesquels elles évoquent leur parcours, ce qui les a conduites à l’itinérance et comment elles s’en sont sorties. Certains récits mettent en relief la spiritualité et les savoirs autochtones, demeurés actuels. Surtout, l’ensemble des récits rend surtout hommage aux femmes autochtones, à leur force, à leur résilience, et dont entend trop peu souvent les voix. Sources d’inspiration, ces récits montrent le courage qu’il a fallu à ces femmes pour parler ouvertement de leurs blessures profondes pour mieux les panser. « Écouter avec notre cœur les histoires des autres permet de s’y identifier et de s’y reconnaître. Nous pouvons apprendre des autres, de leurs expériences, et découvrir de nouvelles façons de trouver un ancrage, de se ressourcer», fait remarquer Julie Cunningham.
Julie Cunningham, Elles se relèvent encore et encore : les histoires de résilience, éditions Hannenorak, 2020 (illustrations de Meky Ottawa)
Qu’as-tu fait de mon pays ? /Tanite Nene Etutamin Nitassi ? d’An Antane Kapesh
Quarante et un ans plus tard, la colère d’une des premières autrices autochtones du Canada est toujours aussi vive et d’actualité, hélas. La réédition au printemps dernier (ce n’est pas un titre de l’automne, je triche un peu…) du second livre de l’Innue An Antane Kapesh dit l’importance de s’intéresser aux réalités autochtones, et comment le colonialisme a impacté les vies de milliers autochtones au Canada et continue de le faire. Qu’as-tu fait de mon pays est un conte philosophique dans lequel l’autrice raconte la vie de l’enfant autochtone qui commence dans le bois avec son grand-père pour se terminer dans le monde des polichinelles et Blancs. Geste après geste, An Antane Kapesh montre la colonisation à l’œuvre chez les Innus, comment ceux-ci ont failli perdre complètement leur culture et leur identité, comment les colonisateurs ont chamboulé leur mode de vie traditionnel.
Dans la préface qu’elle signe à cette réédition, l’autrice Naomi Fontaine écrit au sujet de cet enfant : « Est-il conscient de son histoire ? Pas à pas, il le devient. […] En ces temps d’affirmation pour les Premières Nations, en tant qu’Innu, il devra s’alimenter de source sûre pour devenir un homme solide et ne pas abandonner l’autonomie de sa pensée à quelque mode furtive ou au discours radical. Je ne peux pas résister pour lui, mais je peux lui indiquer quelques bonnes pistes de réflexion. »
Sans conteste, le récit d’An Antane Kapesh fait partie de ces bonnes pistes de réflexion.
An Antane Kapesh, Qu’as-tu fait de mon pays ? Tanite Nene Etutamin Nitassi ? éditions Mémoire d’encrier, 2020 (traduit de l’innu par José Maillot)
Autres titres mentionnés
Virginia Pésémapéo Bordeleau, Ourse bleue – Piciskanâw mask iskwew, éditions du Quartz, 2020
Virginia Pésémapéo Bordeleau et François Lévesque, La bienveillance des ours, éditions du Quartz, 2020
Cherie Dimaline, Rougarou, éditions Boréal, 2020 (traduit de l’anglais par Lori Saint-Martin et Paul Gagné, titre original Empire of Wild)
Le chant des caribous/Ateek oonagamoon (illustrations de John Rombough et traduction de Mishka Lavigne)
Les libellules cerfs-volants/Pimithaagansa (illustrations de Julie Flett et traduction de Mishka Lavigne)
Un renard sur la glace/Maageesees maskwameek kaapit (illustration de Brian Deines et traduction de Mishka Lavigne)