
Les injustices faites aux autochtones et des livres qui donnent à penser
Ces dernières semaines, des actes de racisme envers les autochtones ont souvent fait l’actualité, alors qu’on en entendait peu parler auparavant. La mort indigne et révoltante de la jeune Atikamekw Joyce Echaquan, sous les insultes, à l’hôpital où elle devait être soignée, a donné un coup de projecteur sur les actes de racisme au Québec, de même qu’un peu partout au Canada, et cette mort a relancé la discussion. Comme bien des gens, je condamne le racisme, à mes yeux cancer qui gangrène notre société. Cependant, je n’écris pas ce blog aujourd’hui pour critiquer des individus ou pour porter un jugement, mais pour tenter d’ouvrir le dialogue. Comme le dit Deni Ellis Béchard dans le livre Kuei, je te salue : Conversations sur le racisme (éd. (Ecosociété), ouvrage co-écrit avec la poète innue Natasha Kanapé Fontaine : « Aucun d’entre nous ne l’a inventé [le racisme]. Nous en avons hérité. Toutefois, nous sommes responsables de le comprendre et de le changer. »
Pour ma part, j’estime que pour agir contre le racisme envers les autochtones au Canada et tout aussi bien envers les peuples indigènes ailleurs dans le monde, il faut commencer par comprendre les histoires de ces différents peuples avec qui nous avons reçu la terre en partage. Il nous faut comprendre que ces peuples ne forment pas un seul peuple mais sont différents, chacun pourvu d’une culture, d’une langue, d’une histoire. Comprendre aussi que cette diversité culturelle est une richesse dont nous pouvons tous être fiers. C’est pourquoi je vous propose quelques suggestions de lecture qui abordent ce sujet.
Kuei, Je te salue : conversation sur le racisme
Dans Kuei, je te salue, Natasha Kanapé Fontaine et Deni Ellis Béchard abordent la question du racisme. Ce que celui-ci représente pour eux, ce qu’est leur rapport au racisme, comment ils le perçoivent dans leur vie quotidienne. Ils se demandent aussi quelles en sont les sources et comment y remédier. Tous deux traitent le sujet du racisme avec honnêteté et franchise, en n’hésitant pas à livrer des aspects de leur vie, à l’aide de faits qui leur sont arrivés personnellement. Ce livre apporte certes quelques réponses, mais il pose surtout des questions. À sa lecture, chacun s’interrogera sur son rapport au racisme, sur ce qu’il signifie pour soi, sur ce qu’il faudrait faire pour le combattre. Ce livre permet ainsi d’ouvrir le dialogue. L’une des causes de la survivance du racisme encore aujourd’hui, c’est en effet l’absence de dialogue. De plus, il est difficile de lutter contre le racisme sans avoir mis au clair sa propre position à cet égard.
Natasha Kanapé Fontaine et Deni Ellis Béchard, Kuei, je te salue : conversation sur le racisme, éditions Ecososiété, 2016
Eukuan Nin Matshi-Manitu Innushkueu / Je suis une maudite sauvagesse
Pour qui s’intéresse aux Premières Nations du Canada, et notamment à celle du Québec, cet ouvrage est un incontournable. An Antane Kapesh y passe en revue toutes les politiques imposées à son peuple, les Innus, et montre comment elles ont changé son mode de vie. Bien des problèmes auraient pu être évités, si on avait mis à contribution les peuples autochtones et, surtout, si on les avait entendus. Eukuan Nin Matshi-Manitu Innushkueu / Je suis une maudite sauvagesse est un cri de rage, de révolte, de résistance, qui résonne encore fortement aujourd’hui.
La force de marcher
Pour pouvoir lutter contre le racisme envers les autochtones, il faut connaître les histoires de ses hommes et de ses femmes qui se battent chaque jour pour leurs droits, leurs cultures, le respect et l’égalité auxquels tous ont droit. Certes, certains d’entre eux ont des problèmes d’alcoolisme, de dépendance à la drogue, et la plupart sont marqués par l’héritage des pensionnats. Mais tous ne sont pas ainsi. Beaucoup ont su redresser la tête, se sont battus pour dompter leurs démons et offrir un avenir meilleur à leurs descendants. La force de marcher offre l’exemple d’une telle attitude. C’est une histoire de résilience et de résistance. En toute sincérité et simplicité, sans fioritures, Wab Kinew raconte l’histoire de son père, de son enfance jusqu’à ses derniers jours. Son séjour au pensionnat, qui l’a profondément marqué, ses déboires avec l’alcool, le racisme, son rôle de père, puis de chef anishinaabe de la nation ojibwé, en passant par son combat en faveur du respect des droits des autochtones : une histoire remplie de rage, d’espoir, de courage, de guérison et de pardon.
Wab Kinew, La force de marcher, Mémoire d’encrier, 2017 (traduit de l’anglais par Caroline Lavoie)
This Place :150 years retold & The 500 years of resistance (comic books)
J’attire enfin votre attention sur deux BD qui résument bien l’histoire des Premières Nations en Amérique du Nord et leur résistance. Ces ouvrages permettent d’aborder l’histoire des peuples autochtones avec simplicité et justesse, de rétablir certaines vérités et de mettre à mal nombre de préjugés.
Gord Hill, The 500 years of resistance, comic book, Arsenal Pulp Press, 2010 (en anglais)
«Tu n’as pas l’air autochtone!» et autres préjugés
L’organisme Mikana et Amnesty International Canada publient «Tu n’as pas l’air autochtone !» et autres préjugés. Le livret reprend dix préjugés parmi les plus courants à l’encontre des autochtones au Canada et il rétablit les faits.
Téléchargeable gratuitement, au format pdf, sur le site d’Amnesty International Canada