
– Florence Fontaine
Deux autrices innues et une autrice métisse
Profitons d’être confinés chez nous, bien installés dans le canapé une tasse de café à la main, pour (re) découvrir la littérature autochtone et les auteurs et les autrices qui l’habitent.
Kuessipan de Naomi Fontaine
Naomi Fontaine est une jeune autrice innue de la communauté de Uashat, près de Sept-Îles, où elle enseigne le français. Elle fait partie de ces auteurs et autrices autochtones émergents à suivre.
Attachée à son peuple, elle veut écrire dans ses livres ce qu’ils ont vécu et leur rendre leur dignité loin des stéréotypes. C’est d’ailleurs ce qu’elle fait dans son premier roman Kuessipan. Dans ce livre, elle nous présente la vie de sa communauté sur la réserve, sous forme de vignettes, chacune présentant un personnage en particulier dans toute sa singularité. En nous faisant visiter sa réserve, elle nous présente à nous lecteurs, autochtones et non autochtones, ces filles-mères pleines de beauté, d’amour et de courage, ces grands-mères et grands-pères qui transmettent leurs savoirs et leurs luttes à leurs petits-enfants, et ces silences qui font du bien à ceux qui savent écouter. Au-delà de la réserve, Naomi Fontaine nous fait également découvrir le territoire, le Nutshimit, et nous montre le lien essentiel qui l’unit aux Innus.
Acclamé dès sa sortie, traduit en anglais et adapté au cinéma, Kuessipan mérite qu’on prenne le temps de s’arrêter pour le lire.
Bleuets et abricots de Natasha Kanapé Fontaine
Natasha Kanapé Fontaine, originaire de la communauté innue de Pessamit sur la Côte-Nord, est une des voix autochtones émergentes devenues incontournables ces dernières années. Poète-interprète, comédienne, artiste en arts visuels et militante pour les droits des autochtones et environnementaux, elle s’est fait connaître dès 2012, grâce, notamment, à ses slams territoriaux. Artiste engagée, elle lutte au moyen de ses prises de paroles et de sa poésie contre le racisme, les mentalités coloniales et la discrimination.
Dans son troisième recueil de poésie, Bleuets et abricots, Natasha Kanapé Fontaine met en scène la femme-territoire transportant les peuples sur les routes du Nord au Sud. À la fois mère, terre, guerrière, résurgence, cette femme exprime l’amour et la colère dans ses poèmes-fleuves aux images nombreuses et évocatrices. Ainsi, dans Bleuets et abricots, Natasha Kanapé Fontaine rend-elle hommage aux femmes innues, aux femmes autochtones, à ces femmes debout, ces femmes puissances, ces femmes résurgences.
Livre bonus à découvrir
En livre bonus, je vous propose de découvrir le roman dystopique de Cherie Dimaline, Pilleurs de rêves. L’auteure, Métis, nous emmène dans un monde ravagé par les catastrophes environnementales où les êtres humains ont perdu leur capacité à rêver, et où seuls les autochtones ont gardé cette faculté. On y suit les aventures du jeune Frenchie, dans un monde où les autochtones sont traqués par les sans-rêves pour leur moelle osseuse, car c’est là que résiderait le remède au mal qui les frappe. Tout comme l’inquiétude, l’espoir habite le roman, notamment au travers des liens qui unissent les personnages entre eux et les relient à leurs traditions, à la terre.